Parution du livre Le Chant des Peaux-Cibles

Retrouvez les témoignages de 16 curistes à la peau abîmée, lésée, brûlée, stigmatisée sous la forme d'un chant composé d’un récit, d’une photographie et d’un haïku. Un livre écrit par 3 femmes dont 2 smileuses, Corinne Lecorchey-Decarroz et Dominique Rachel Levy, et préfacé par le Professeur Maurice Mimoun.

Éditeur : Editions du Chameau

Prix de vente au public (TTC) : 24 €

Avant-propos

La peau, c’est une enveloppe qui est à elle seule un paysage, que l’on aime montrer ou que l’on préfère cacher, que l’on a douce ou rugueuse, fine ou épaisse, noire ou blanche, jeune ou vieille. La peau, c’est presque cinq kilogrammes que l’on porte avec soi. C’est un organe à part entière capable de s’étirer, de se rétracter, de se gonfler, de se lisser aussi. On vit avec, on n’y pense pas, c’est à peine si l’on y prête attention. Il faut attendre le temps qui passe pour s’apercevoir que cette barrière cutanée, celle qui nous protège des agressions du monde extérieur, perd de son élasticité, de sa densité, pour devenir peu à peu un parchemin. C’est quand elle est malmenée, meurtrie, qu’elle se rappelle à nous, terrifiante, nous signifiant notre finitude. Les circonstances de la vie ont fait que, toutes trois, nous y avons été sensibilisées plus tôt.

À l’origine de ce projet donc, une fascination pour la peau et une volonté de travailler ensemble. Nous voulions pouvoir faire parler la peau, les peaux, de manière artistique en alliant la photographie à l’écriture. Nous voulions écouter et faire résonner la beauté des peaux abîmées, lésées, brûlées, stigmatisées.

C’était décidé : la peau allait se raconter à la première personne à travers une autodermographie fragmentaire qui nous permettrait d’écouter chaque peau cicatricielle, puis d’accorder ces peaux puissantes, ces timbres de vie, pour les mener ensemble au diapason.
Grâce à l’équipe de direction des Thermes de Saint-Gervais Mont Blanc qui a soutenu notre initiative, notamment par la mise à disposition de locaux et par la diffusion de notre appel à témoins, notre projet a pris corps. Deux d’entre nous étaient sur place, au milieu des curistes venus là pour soigner leur peau meurtrie. Nous leur avons exposé notre démarche et les volontaires, prêts à témoigner, se sont manifestés les uns après les autres.

Tandis que l’une de nous, la photographe, réalisait d’abord un portrait du témoin, puis un gros plan de sa peau-cible donnée à voir, l’autre enregistrait sa voix qui racontait son parcours avec ses ressentis de peau, à partir d’un questionnaire axé sur les cinq sens et les quatre éléments. C’est ensuite que la troisième acolyte entrait en jeu : sans connaître l’auteur de la mélodie, sans avoir rencontré la peau-cible, elle écoutait l’enregistrement à distance, en prenant des notes afin de rester fidèle au témoignage, pour permettre à la peau de s’exprimer à la première personne.

Et c’est ainsi que ces seize peaux-cibles se sont accordées pour former un chant composé d’un récit, d’une photographie et d’un haïku.

Nous espérons que votre œil et votre oreille seront aussi sensibles que les nôtres à la beauté extraordinaire et à toutes les variations musicales de ces peaux-cibles.

Nous remercions infiniment nos seize témoins, curistes des Thermes de Saint-Gervais Mont-Blanc, en espérant qu’ils se reconnaîtront dans ce chant, qu’ils en seront fiers et qu’ils seront heureux de la création artistique qu’ils nous ont inspirée.

Nous tenons à remercier aussi tous ceux qui nous ont accompagnées ou aidées dans cette belle aventure.

Corinne, Dominique et Christelle.

Préface

À force de travailler la peau, je me suis habitué à elle. Je l’ai comprise. Si vous la meurtrissez, elle vous meurtrit, si vous la contraignez, elle vous contraint. Choyez-la, bichonnez-la, vous ne pouvez rien sans elle. Quand la cicatrice fait partie de son univers, elle n’est plus anormale, elle devient une possibilité.

La peau comme la toile d’un peintre. La peau qui chante.

Au fur et à mesure des consultations, je me suis aperçu que la partition s’avérait très différente d’une personne à une autre, d’un moment de l’existence à un autre. Tout se mêle et s’emmêle. Le médecin ne doit rien dire, pas tout de suite, juste prêter l’oreille, être auditeur avant d’être acteur. L’aspect ne présage pas de la sonorité. La patience demeure de mise.

La brûlure est un virage, un tournant de vie, la mélodie commence par une fausse note. Comme au jazz, il faut utiliser la dissonance pour en sortir de l’harmonie, de l’émotion.

J’ai écouté toutes les musiques de ce livre, j’ai regardé tous les tableaux. Je n’y décèle que beauté. Mais cette beauté ne réside pas dans la ligne, la couleur, le relief, elle se trouve dans cet effort insensé de rendre beau et aimable ce qui a priori ne l’était pas. Cet effort surhumain pourtant produit par des femmes et des hommes nous montre l’impossible, nous montre tous les « chants des peaux-cibles ». N’idéalisons pas. Comme dans les tons les plus hauts atteints avec douleur par la cantatrice, cette beauté naît de la souffrance et c’est pour cela qu’elle étincelle.

Tous ces chants parlent de l’air, du feu, de la terre et de l’eau, les quatre éléments indispensables à la vie.

Merci de m’avoir confié l’introduction de cet opéra.

Professeur Maurice Mimoun
Chirurgien Plasticien
Chef de service chirurgical du centre de brûlés de l’Hôpital Saint-Louis

Assistance Publique – Hôpitaux de Paris

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