Souvent on attribue l’isolement d’une personne brûlée à la peur du regard des autres. Nous avons interrogé de nombreux brûlés pour savoir comment se déroulait leur quotidien.
Avec tous leurs témoignages, leurs anecdotes, nous avons découverts que leur vie était jalonnée de nombreuses difficultés.
Nous les avons regroupées pour vous montrer que ce n’est pas 1 mais bien 10 combats du brûlé dont il faut parler !
Les 10 Combats du Brûlé
1 - Gérer le regard des autres
Ce premier combat influe sur tout le processus de rétablissement d’une personne brûlée. Les regards sont permanents, plus ou moins furtifs. C’est en quelque sorte une nouvelle « brûlure » à laquelle on ne s’habitue pas vraiment même après de nombreuses années. Il faut oser affronter tous ces regards, savoir comment réagir au mieux pour ne pas susciter plus de curiosité et se fondre dans la masse. Ce combat peut se révéler plus ou moins intense, selon la personne et l’importance de ses cicatrices : il se manifeste autant par la peur de sortir acheter son pain que celle d’aller à la piscine.
2 - Trouver des professionnels de santé
À la sortie de l’hôpital, le brûlé se heurte à la pénurie de professionnels de santé, de bien-être et beauté (kiné, dermato, psy, coiffeur etc.) qui connaissent les soins adaptés aux brûlés. Souvent il faut expliquer soi-même au professionnel de santé les soins à réaliser tel qu’on les a appris à l’hôpital. Le fait de ne pas être en face d’experts, ou du moins de professionnels ayant déjà travaillé avec quelqu’un de brûlé freine l’accès aux soins. Souvent, les seuls endroits où les brûlés s’adressent à des professionnels de santé au fait de leur situation, sont les Centres de Traitement pour brûlés où ils ont été hospitalisés, les lieux de cure, excentrés et cher, ou bien des cliniques privées, moyennant des dépassements d’honoraires.
3 - Lutter contre le rejet social
On évite la personne brûlée, on lui demande de ne pas être présente pour ne pas gêner, ne pas faire peur, voire on la rejette physiquement quand on refuse de lui faire la bise ou lui serrer la main par exemple. Tout cela arrive avec des inconnus, des amis, mais même dans sa propre famille parfois. Il faut régulièrement s’imposer, refuser d’être associé à son accident de manière trop systématique.
4 - Ne pas avoir le droit à l’oubli
Le brûlé répètera toute sa vie son histoire en réponse aux questions régulièrement posées. Ainsi il ne pourra jamais mettre son accident de côté. Le challenge consiste à bien choisir et doser la réponse à apporter pour se faire respecter tout en ne se faisant pas passer pour une personne associable.
5 - Supporter le handicap physique
Les cicatrices, les brides, les greffes, les amputations, les douleurs… Tout cela génère un handicap moteur qui est très long à réparer et dont une partie est irréversible. La peau s’assèche plus vite et la sensation d’être dans un corps trop étroit revient souvent. Le brûlé doit s’adapter, trouver des solutions pour réaliser les activités de la vie quotidienne.
6 - Accepter son propre regard
Les brûlures transforment le physique de la victime, qui se découvre au fur et à mesure que les soins se terminent. Beaucoup ne reconnaissent pas leur corps voire ne se reconnaissent pas devant la glace suite à l’accident. Tout l’enjeu est de travailler sur soi pour s’accepter et accepter le côté irréversible de certaines cicatrices.
7 - Construire des relations amoureuses
Avoir des relations sentimentales et sexuelles en ayant des cicatrices est compliqué au royaume de l’apparence. Pour les plus jeunes, l’adolescence est difficile avec les premiers amours. Pour ceux qui étaient célibataires, c’est souvent encore plus dur de trouver quelqu’un, nous avons d’ailleurs fait un article à ce propos. Finalement, il y a ceux qui sont en couple lors de l’accident, et qui doivent faire avec le déséquilibre de la relation à deux qu’entraînent l’hospitalisation et le traumatisme.
8 - Être indemnisé
Les relations avec les assurances et la justice sont un combat de plus à mener face à des personnes froides, rigides et dont les objectifs servent souvent des intérêts autres que ceux du brûlé. Nous voulons tout d'abord alerter sur les situations de chantage exercées sur des victimes où la rapidité de traitement du dossier est liée à une faible proposition d’indemnisation. Ensuite, l’indemnisation par la justice prend parfois tellement de temps qu’elle empêche le brûlé de se reconstruire durant plusieurs années en l’attente de son dû.
9 - Faire face à la froideur, la lourdeur et la rigidité administrative
Les démarches administratives sont souvent très rigides. Malheureusement, dans le cas des brûlés, il peut arriver que leurs papiers aient brûlé dans l’accident, qu’ils ne puissent plus prendre de photos d’identité du fait de leurs brûlures, et donc qu’ils soient bloqués dans une espèce de sas administratif où rien n’est possible. Il leur faut alors beaucoup d’énergie et ne pas se démoraliser pour obtenir ce dont ils ont besoin.
10 - Affronter la discrimination professionnelle
Finalement, dernière étape vers l’indépendance financière et la resocialisation : le travail. Avoir « la gueule de l’emploi » est l’expression qui prend tout son sens ici. Entre éviter de gêner les collaborateurs et éviter de gêner les clients, il est difficile de trouver un travail. Parfois, la personne brûlée doit changer d’emploi, voire refaire une formation. Sans mentionner la force et la préparation supplémentaire que demandent un entretien d’embauche pour une personne dont les cicatrices sont visibles.
Des combats qui sont autant d’objectifs pour la mission de Burns and Smiles !
Les brûlés sont confrontés à chacun de ces combats, avec plus ou moins d’intensité selon leur personnalité et leur histoire.
Les aider à mener ces combats permet de rompre l’isolement, reconstruire l’estime de soi et être indépendant financièrement. Ce sont pour nous les clefs qui ouvre à la resocialisation des personnes brûlées.